Le syndrome du papier toilette blanc
Je pense que n'importe quelle mère ou future mère qui est passée par la case fausse couche / saignements / grossesse extra-utérine sait de quoi je parle. Ou même n'importe quelle mère qui est passée par la case PMA, parce que passé une certaine date, "on guette". Ou même n'importe quelle mère tout court, parce qu'on a souvent l'angoisse chevillée au corps une fois le test de grossesse positif.
L'angoisse de la trace rouge, ou même simplement rosée.
L'empreinte qui peut signifier tout et son contraire. La fin de tout, ou le début de l'alitement. Ou rien du tout, avec un peu de chance, après un petit tour aux urgences.
Quand il n'y a pas d'empreinte, on peut à nouveau respirer.
Alors le papier il faut qu'il soit blanc. Blanc de blanc. Rose ça ne va pas, ça pourrait fausser la vue. Déjà qu'on finit par voir des ombres sur le papier blanc à force de le scruter, on ne va pas se rajouter de la difficulté avec un papier coloré, hein !
Après cinq fausses couches, une grossesse extra-utérine et la perte d'un jumeau lors de ma première grossesse (celle de ma fille aînée), on peut dire que je suis pas maître ès scrutage de blancheur javel sur le papier.
Cependant (oui il y a un cependant) j'ai laissé grandir en moi une certaine confiance, au fil des grossesses, et en dépit des déceptions.
J'ai le sentiment que tout se passera bien, et même la petite alerte d'il y a près de trois semaines n'a pas réussi à fragiliser l'édifice de confiance qui s'est construit peu à peu en moi.
Je scrute toujours, mais sans paniquer. C'est déjà ça.
Bon rassurez-moi, je ne suis pas folle n'est-ce pas ? Je ne suis pas la seule à faire ça ? Racontez moi !
Photo : Brassaï