"Ah c'est pour bientôt ce bébé !"
Initialement j'ai écrit quelques mots à ce sujet sur mon Instagram mais comme ce thème a suscité pas mal de commentaires, je reprends mes propos pour les publier aussi sur mon blog.
Il s'agit d'une phrase qu'on entend souvent en fin de grossesse (du moins quand on a un énorme ventre comme moi même avec un seul bébé - d'où le surnom de pastèque d'ailleurs) ou beaucoup plus tôt, comme dans mon cas actuellement. Pour être plus précise, ça a même commencé très très tôt cette fois, il y a quelques semaines. Et, pour rappel, à ce jour je ne suis enceinte "que" de six mois et une semaine. Eh oui !
Cette phrase c'est "ah c'est pour bientôt ce bébé". J'en ai passablement ras le bol qu'on me dise à tout bout de champs (et de coin de rue). Parce que limite on ne me demande pas, on décrète.
Alors je SAIS que ce n'est pas mal intentionné, je sais que la plupart du temps c'est gentil et je sais que c'est une phrase bateau qu'on prononce sans vraiment y penser. Mais je l'entends à chaque fois que je mets le pied dehors, berdol. Et pas qu'une fois, hein, nan nan nan, trois, quatre, cinq fois juste le temps d'aller chercher un kilo de pommes et une baguette. Quand c'est dit au détour d'une conversation, le boulanger en me tendant ma baguette et en me disant quand ça me va bien la grossesse, la caissière du Monop qui ne m'a pas vue depuis longtemps, cette maman devant l'école ou ce monsieur qui me laisse passer à la caisse, je veux bien, ça fait partie de la conversation après avoir dit bonjour, vous allez bien, blablabla. Même si c'est la cinquième fois, je comprends, j'accepte, je trouve ça plutôt touchant et je réponds que non, mais qu'il s'agit de jumeaux. C'est un peu fatiguant de répéter la même chose cinquante fois (je vous jure que ça tape sur les nerfs au bout d'un moment) mais comme les gens ne sont pas responsables de ça (et pas conscients qu'ils sont la dixième personne de la journée à me poser la question) je prends sur moi et je réponds avec le sourire. Très souvent j'ai ensuite droit à "c'est vos premiers ?" et "vous avez du courage !" ou "bon courage" d'un air compatissant (alors que je n'ai absolument pas le sentiment d'être courageuse ni d'avoir besoin qu'on me souhaite du courage, mais c'est une autre histoire).
Par contre les gens que tu croises sur le trottoir, que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam, qui ne te disent même pas bonjour mais pointent du doigt ton ventre en posant cette question, c'est quoi leur souci ? Le pire c'est ceux qui montrent du doigt et qui disent "Ah c'est pour bientôt ça".
Ca, sérieux ?
Mon ventre est proéminent, oui. Ça ne veut pas dire qu'il fait partie du domaine publique et encore moins que j'ai envie d'expliquer à n'importe quel quidam le planning de mon utérus dans les semaines à venir. Le prochain qui m'aborde (que dis-je : me hèle, parce que parfois c'est ça, il manque juste le sifflement) dans la rue avec autant d'impudence, je lui demande sans vergogne s'il a fait caca ce matin ou s'il est constipé. Utérus contre intestins, les météos intimes se valent non ?