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Ce que j'ai gardé de mon enfance
Il y a des habitudes, des gestes, des réflexes qu'on accomplit sans y réfléchir, depuis des décennies. Des automatismes hérités de notre enfance. Des bonnes (et moins bonnes) choses qu'on fait, pense, dit sans même en avoir conscience.
De mon enfance, j'ai gardé...
- le plaisir d'ouvrir les pots de confiture de framboise et d'y renifler la montagne à pleines narines
- l'habitude de changer de vêtements quand je suis chez moi. Une coutume slovaque, là-bas personne ne garde sa tenue d'extérieur une fois à la maison. J'ai toujours trouvé ça complètement débile et contraignant, je refusais de le faire quand j'étais enfant. Mais finalement ma mère avait raison quand elle disait "c'est bien, ça retire les ondes négatives que tu as accumulées".
- le réflexe de penser aux petits Ethiopiens à chaque fois que je mange du riz. Sans doute marquée par l'opération Bol de riz de l'école, mais aussi par la célèbre phrase "pense aux petits Ethiopiens qui n'ont rien à manger, et finis ton assiette". Quelle crétinerie que de raisonner ainsi... Je n'ai jamais prononcé cette phrase à mes enfants.
- certaines expressions typiquement Chtis, comme "mettre la porte contre".
- une petite appréhension à l'idée de me couper les lèvres quand je bois dans une cannette. Mais je le fais quand même.
- la conviction qu'il vaut mieux ne pas boire pendant le repas. Et le faire quand même aussi.
- une grosse crainte des bouteilles de gaz (ça peut exploser, si si !) et même des cocottes minute (oui ça peut aussi exploser, si si)
- ce tic de sauter quand je vois une 2 CV bleue et de pincer mon voisin quand j'en vois une verte. Bon c'est plus rare d'en croiser désormais, mais je le ferais sans hésiter si j'en voyais une, même à 37 ans.
- sauter sur le passage piéton en visant les bandes blanches (pour éviter les crocodiles, évidemment).
- ne pas ouvrir mon parapluie s'il ne pleut pas fort pour sentir la pluie sur mon visage.
- essayer d'attraper les flocons de neige directement dans la bouche.
- me demander si je fais bien de marier le rouge avec le rose. Et le faire quand même. Parce que moi je trouve que ça va bien ensemble.
- manger les petites barquettes de Lu en commençant par le biscuit, afin de garder la confiture pour la fin.
- retourner mon oeuf à la coque dans le coquetier une fois terminé et éclater la coquille avec ma cuillère. Je le fais aussi pour mes enfants et, comme ma mère, je joue l'étonnée quand je découvre que l'oeuf est vide.
- l'habitude de lever les yeux pour regarder le ciel, les arbres, les couleurs, le soleil qui se lève ou qui se couche. Et m'émerveiller. Appelez moi la Ravie de la crèche.
- le réflexe de plonger mes doigts dans l'eau bénie quand j'entre dans une église, même si aujourd'hui je le vis très différemment.
- le bonheur de toucher les sapins et de sentir l'odeur de sève sur mes doigts.
- une passion pour les soupes, les clémentines, la confiture d'abricots maison et les tartines de confiture de framboise trempées dans le café, avec une tranche de camembert sur le dessus.
- le petit plaisir du samedi matin, faire le marché en famille.
- une amour imodéré pour les voyages en train, la nuit si possible. J'aime tout, les bruits, les odeurs de suie, le bercement des rails, les arrêts dans les gares, le sifflet du contrôleur, les inconnus qu'on croise et avec qui on partage un peu de son intimité pendant quelques heures...
- cette manie de photographier mes pieds et mon ombre. Je fais ça depuis que je suis enfant !
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