Dans famille recomposée, il y a composer
Et composer, on apprend à le faire au présent, au futur et à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Parfois malgré soi.
On compose avec les humeurs des uns et des autres. L'un râleur, la deuxième boudeuse, la troisième chouineuse, la quatrième murée dans un mutisme tétu. Et le bébé qui observe et prend des notes.
On compose avec les éducations parfois diamétralement opposées à ses propres convictions.
On compose avec les goûts. Un peu plus de sucreries, pas trop de légumes, ne pas mélanger les plats, concéder des knackis ici et là. Rester instransigeant sur les bonnes manières à table.
On compose avec les horaires. Les ultra matinaux chez moi, les tardifs et traînage en pyjama chez lui.
On compose avec les susceptibilités, les affinités, les histoires personnelles.
On compose avec les habitudes, les rituels, les tocs. Douche le matin, douche le soir. Lavage des cheveux par maman, par papa, tout seul.
On compose avec les âges, le pré-ado qui réclame à se coucher plus tard, la sieste du bébé décalée par le rythme des vacances, les conflits qui jaillissent parfois quand ils sont trois contre un.
On apprend surtout à composer avec ses propres émotions. Un soupçon d'agacement, des bouffées d'impatience, du désarroi parfois, de la surprise évidemment. De la fatigue aussi, répéter cent fois les mêmes choses "à table", "ne réveillez pas le bébé", "enfile tes tongs quand tu vas sur la terrasse", "ramasse ta serviette", "va te brosser les dents".
Alors on module, on tempère, on prend sur soi, on met de l'eau dans son vin et on mélange les céréales au petit déjeuner en se disant "soit !" On reste à cheval sur certains principes et on lâche prise pour d'autres. Tant pis, c'est les vacances après tout.
Famille recomposée, école de la vie...