La famille, premier microcosme de l'équité
J'ai six enfants, trois filles, trois garçons. Symétrie parfaite d'un petit monde que je regarde évoluer et que j'essaie de faire grandir dans la plus grande des équités (je préfère ce terme à celui d'égalité, nous sommes égaux en droits, mais personne n'est "égal" à un autre individu, on n'est pas des clones et nos différences font notre richesse).
Aujourd'hui c'est la Journée internationale des droits de la femme. Et au-delà de la femme, c'est de mes fils dont je veux parler aujourd'hui. Pourquoi mes fils ? Parce que l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, l'équité dans la société, ça n'est pas - ça ne devrait pas - être le combat des femmes. Dans un monde idéal, ça devrait être la norme. Et c'est dans cette norme que j'élève mes enfants, mes filles, mes fils.
Ici, il n'y a pas de privilège ou de contrainte à être né fille ou garçon.
Ici, chacun s'habille avec les couleurs ou le style qu'il veut.
Ici, chacun contribue à aider. Débarrasser le lave-vaisselle, placer ses vêtements sales dans le panier à linge, mettre la table, jeter son pot de yaourt dans la poubelle, ranger ses jouets...
Ici, personne n'a de tâche attitrée en fonction de son sexe, seul l'âge joue sur la répartition des choses à faire dans la maison.
Ici, il n'y a pas "ce que les filles doivent faire", ou "ce que les garçons ont le droit de faire", il y a du respect, de la tolérance et un équilibre entre huit personnes différentes, peu importe leur genre.
Depuis que j'ai des jumeaux garçon / fille, ce constat d'équité dans ma manière de faire s'est encore plus cristallisé dans mon esprit et dans ma vie. Parce qu'ils ont le même âge, la même évolution, les mêmes besoins, et que je ne vois absolument pas pourquoi je devrais donner tel jouet à mon fils et pas à ma fille. Mettre du rose à ma fille et pas à mon fils. Demander à ma fille de ranger et pas à mon fils. Je les élève de la même manière, en prenant en compte les particularités liées à leur INDIVIDUALITÉ, pas leur sexe.
Je ne dis pas qu'il faut à tout prix habiller son fils en rose ou mettre de force des petites voitures, dans les mains de sa fille, laissons les choisir. Je dis juste qu'il ne faut pas S'INTERDIRE quoi que ce soit sous prétexte que "c'est un garçon, ça ne se fait pas". "C'est une fille, ça ne va pas l'intéresser". Et pourquoi pas, après tout ? Laissons les développer leurs goûts et leurs personnalités sans leur imposer de barrière sociétale de ce qui, soit disant, se fait, ou ne se fait pas. Que chacun soit libre dans ses choix, équitable dans ses devoirs.
Je le répète souvent à mes enfants : aucune femme ne naît avec un patrimoine chromosomique où il y aurait un gène "aspirateur", "vaisselle", "fringues roses", "changement de couches" ou "sois belle et tais-toi". Tout comme aucun garçon ne naît avec les gènes "automobile", "droit de harceler", "viril", "roi du monde" ou "pas le droit de pleurer".
Ces gènes-là n'existent pas.
C'est la société qui fabrique des normes, des clichés, des contraintes avec lesquelles on accepte de vivre sans rien dire, par habitude, par lassitude, par méconnaissance surtout.
Mais moi je ne suis pas d'accord. Et, à mon petit niveau, j'essaie de cultiver l'équité chez les miens. Mes filles, mes fils.