C'est un accident ?
Je dois dire que j'ai bizarrement été relativement épargnée par cette question pour mes dernières grossesses : pour le Petit roi on ne me l'a pas posée une seule fois alors que d'autres amies enceinte du troisième y ont eu droit. Pour la petite Pastèque, on me l'a demandé mais pas souvent, ça ne se compte même pas sur les doigts d'une main.
Mais là.
Ouch !
J'y ai eu droit un nombre incalculable de fois, et venant de personnes de tous horizons, en particulier d'horizons assez éloignés de mon cercle d'intimes, à savoir parfois de presque parfaits inconnus. Tout le monde y passe, de la laborantine qui m'a fait ma première prise de sang à la voisine, en passant par la maman dont la fille est scolarisée dans la même classe que mon fils ou la vague copine qui apprend ma grossesse par hasard.
La première question que je me pose c'est : pourquoi ?
Pourquoi diable poser cette question ? J'avoue que je ne saisis pas. C'est pour des statistiques personnelles ? C'est pour pouvoir nous cataloguer ensuite dans la catégorie 1 = pas futés de la contraception ou 2 = chauds lapins inconscients qui courent après les gamins comme après les allocs ?
Qui m'explique ?
Nan parce que moi quand on m'annonce une grossesse, que ce soit la première, la deuxième, la cinquième ou plus, que la personne ait 20 ans ou 40 ans bien tassés, la première chose qui me traverse l'esprit c'est plutôt "chouette, un (ou des) bébé(s) tout neuf(s) en fabrication" et pas "mais qu'est-ce qu'ils ont foutu sous la couette ?".
Si on m'annonce une future naissance, je pars du principes que, voulue ou non à la base, cette grossesse est une chose positive et joyeuse. Je sais pas hein, mais je pense pas que ma boulangère ou l'atsem de mon fils m'annoncerait "je suis enceinte" et dans la foulée "mais c'est une erreur, je vais pas le garder" ou "c'est un accident mais on le garde". Si elle a envie d'en dire plus, bien sûr qu'elle le peut. Mais si la personne annonce l'arrivée d'un bébé, on se réjouit. Point. On ne demande pas ce qui s'est passé du côté de sa plaquette de pilules, de sa libido ou de ses inexplicables envies de famille nombreuse.
La deuxième chose qui me choque (oui là ça me choque vraiment) c'est ce terme, "accident". Ok on peut oublier sa pilule comme on pourrait oublier de mettre un clignotant, un préservatif peut craquer comme une roue peut glisser sur une plaque de verglas, mais la comparaison s'arrête là. Il n'y a pas de tôle froissée, de sang, de morts. Une surprise, why not. Un accident, je trouve le mot horrible et pas vraiment sympathique pour le bébé qui arrive.
Et puis dernière réflexion sur le sujet, je trouve cette question tout bonnement indiscrète au possible. Ca ne regarde absolument personne ce qu'on fait de son utérus, de son appart (trop petit ou pas), de son porte-monnaie, de son âge, de ses envies (et de ses fesses).
Maintenant que ma grossesse est bien avancée, on me pose beaucoup moins cette question. Mais jusqu'à présent, j'ai pris un malin plaisir à jouer à la bécasse en répondant un peu à côté de la plaque : "en fait pour la gémellité c'était pas vraiment planifié mais on est ravis" (sur ce, mon utérus, mon âge, mes allocations Caf et mes fesses vous saluent bien).
Et pour les curieux : non ce n'est pas un accident.