La première rentrée de ma petite Pastèque
Ruben est né le 29 novembre, autant dire qu'il est de la fin de l'année, et donc parmi les plus jeunes à faire son entrée en PS de maternelle. Comme sa soeur aînée il y a 11 ans, car elle est née en décembre.
J'appréhendais un peu cette première rentrée, car elle me rappelait celle de sa soeur. Et même si une petite voix intérieure me disait que ça se passerait rapidement bien pour lui, je ne pouvais m'empêcher de repenser à celle de sa soeur.
Elle était jeune, donc. D'autant plus jeune que la demoiselle aurait dû naître en janvier 2003. Et ces quelques jours de différences auraient pu tout changer.
Oui mais voilà, elle est née en avance, et c'est donc toute petite qu'elle est entrée à l'école. Et ça ne s'est pas bien passé en septembre. Pas du tout, même. Après une discussion avec sa maîtresse (qui était aussi la directrice de l'école), on a décidé de différer sa rentrée. De lui laisser le temps de grandir dans sa tête. On a retenté après les vacances de la Toussaint, en dépit de ma réticence et sur l'insistance de l'institutrice pour "au moins essayer". Et là ce fut nickel. Elle avait grandi et mûri l'école dans sa tête.
Bref je m'égare, tout ça pour dire que les rentrées catastrophiques, j'ai connu, et je n'avais pas envie de revivre ça. Mais deux choses me rassuraient : d'abord cette intuition de mère qui me disait que tout se déroulerait bien. Et d'autre part, ce sentiment réconfortant de savoir qu'on pouvait faire marche arrière (ou du moins appuyer sur la pédale frein) si cela s'avérait nécessaire. A savoir, retirer ma petite Pastèque de l'école et retenter quelques semaines plus tard.
Dire que le premier jour fut un échec est un euphémisme. On est longtemps restés dans la classe avec lui, et au moment de se séparer ce furent les grands pleurs, les cris. Tout ce que beaucoup de parents connaissent. Avec chacun un bébé dans les bras, nous avons quitté la classe en laissant un petit garçon en pleurs, tenant la main à sa maîtresse. Par contre (chose extrêmement rassurante pour moi, car ce n'était pas le cas pour ma fille aînée) à la sortie de l'école il était calme, il ne pleurait pas, on voyait qu'il n'avait pas passé sa matinée à hurler de désespoir (je vous jure que ça se voit direct). Un bon point, donc. Par contre il n'avait pas le même pantalon. Hum. Mais bon, c'était un détail auquel maîtresses et parents sont coutumiers pour un premier jour d'école, n'est-ce pas ?
Deuxième jour, c'est le papa qui l'a accompagné. Même topo, pleurs, cris, désespoir. Je pense que le papa l'a aussi (plus ?) mal vécu que son fils car pour le troisième jour, c'est moi qui m'y suis collée.
Forte de ma conviction que tout peut changer et qu'il serait bien à l'école, je l'ai déposé dans sa classe. Il a pleuré mais attention : ses pleurs avaient changé. Il pleurait d'un air plutôt rageur, comme s'il avait compris que finalement c'était pas si mal l'école, avec toutes ces activités plus séduisantes les unes que les autres. Mais bon, hein, pour le principe on va râler, et pour se rassurer aussi peut-être, entendre maman répéter pour la millième fois "mais oui tu seras bien ici, tu vas t'amuser, apprendre plein de choses, chanter, voir ton frère à la récré, et oh regarde il y a même Tchoupi dans ta classe, promis je reviens te chercher à midi".
Il nous a montré, à son frère et à moi, tous les coins qu'il aime dans la classe, en grognant toujours dans sa barbe. Et puis... il m'a désigné la porte, toujours d'un air rebelle, une larme encore accroché à ses longs cils. Je lui ai demandé s'il voulait sortir, mais non non, c'est à moi qu'il indiquait d'un air orageux la porte, pour que je parte. Je suis sortie, je l'entendais pleurer rageusement. On a franchi les trois mètres nous séparant de l'escalier. Ruben ne pleurait déjà plus !
Quatrième jour : RAS. La petite pastèque est entré dans la classe en faisant vaguement au revoir à son papa. Il avait trouvé son espace, il a adopté l'école. Et depuis, tout roule comme sur des roulettes.
Le deuxième effet Kisscool de cette jolie rentrée en maternelle, c'est le point final sur tout ce qui est continence (je n'emploie pas le mot propreté, tout simplement parce que je considère qu'un enfant n'est pas propre ou sale, il est continent ou pas). Ruben avait énormément progressé au cours du mois d'août, mois caniculaire qu'il a passé quasiment nu. Mais il y avait encore des accidents et surtout il fallait qu'il adopte le slip et le pantalon pour la rentrée. Encore des challenges pour un si petit garçon.
Eh bien : il y a eu deux accidents, en tout et pour tout. Et des répercussions positives à la maison : les oublis sont rares, il s'habille TOUT SEUL (il galère encore un peu pour les chaussettes et les chaussures), il range ses vêtements dans ses tiroirs (bon ok, en vrac, mais il range quoi ! à deux ans et 9 mois !) et sa couche est sèche le matin. D'ailleurs cette nuit il a dormi sans couche. Et sans pipi. C'est qui le meilleur ?
Tout ça pour dire que les enfants sont surprenants. Au fond de moi, j'avais confiance en lui. Et j'avais raison.