Il ne pleut jamais sur ma tête
L'été dernier, alors que je sortais d'une épreuve oppressante, douloureuse et surprenante, j'ai rencontré une personne assez extraordinaire.
Cette personne m'a notamment dit une phrase qui accompagne désormais mes jours et mes nuits.
Il pleut derrière toi, il pleut devant toi
Mais il ne pleut jamais sur ta tête
Sans le savoir (ou plutôt, en le sachant pertinemment), cet personne a mis le doigt pile sur l'une de mes failles, et pas la moindre. Une brèche dans laquelle peuvent s'engloutir tous les malheurs du monde.
J'ai en moi une machine capable de bousiller le présent, aussi beau soit-il. Cette machine se nourrit des malheurs, des larmes et des regrets du passé. Elle se repaît avec le même appétit des doutes, des ombres, des chimères, des cauchemars et des incertitudes qui planent sur l'avenir.
Cette machine est maléfique. Elle digère passé trouble et avenir sombre pour en fabriquer des nuages énormes. Noirs. Menaçants. Terrifiants. Remplis de pluie et de grêle, que, par mon simple esprit, j'arrive même à sentir sur mon visage !
Cette machine fabrique des ombres qui me paralysent dans le présent et aspirent de mon âme toute joie, tout espoir, toute petite réjouissance du quotidien, la moindre capacité à jouir de l'instant présent et des cadeaux qu'il m'offre par centaines, par milliers.
N'est-ce pas terrible ?
Pourtant, je lève la tête, et effectivement, sur moi il ne tombe rien. Pas la moindre petite goutte. Cette personne a raison, il ne pleut pas sur moi, seulement dans ma tête.
Certes la route est sombre derrière, mais je l'ai quittée. Elle est obscure devant, mais par je ne sais quel miracle de l'esprit, le parapluie qui protège ma tête avance au même rythme que moi. Les soucis se résolvent au fur et à mesure. Les ombres inquiétantes deviennent de vrais objets que je suis capable d'affronter. Les cauchemars s'évanouissent dans le soleil. J'avance dans mon halo de lumière et je suis enfin capable de profiter de chaque instant comme s'il était unique au monde, détaché du passé et de l'avenir. Je redeviens artisan de mon Bonheur.
J'ai tué la machine à fabriquer des nuages.
Merci à Marcello
Photo : We heart it