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La fausse couche, côté enfants

par La journaliste IT pink & green

publié dans Mon nombril

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On me demande souvent si mes filles sont au courant que j'ai été enceinte, et si elles savent que j'ai fait une fausse couche. Oui, elles le savent. Déjà pour une raison pratique : le nombre d'examens que je dois subir dès que je sais que je suis enceinte, vu mes antécédents, implique que toute grossesse passe difficilement inaperçue. Mais si elles le savent, c'est surtout par souci de transparence vis à vis d'elles. Il ne s'agit évidemment pas de leur raconter tous les détails de ce qui s'est passé, encore moins de leur présenter les choses sous un angle "tragique" ou "angoissant". Mais je préfère être honnête avec elles, ne pas leur cacher des choses qui, tues, peuvent sembler plus terrifiantes qu'elles ne le sont en réalité. Il n'y a rien de plus terrible que les tabous dans une famille surtout quand l'atmosphère en est imprégnée, mais qu'on n'en parle pas, de peur de réveiller des choses trop difficiles. J'en sais quelque chose. Au sujet de ma naissance, par exemple, je sais qu'elle fut difficile, mais je ne connais pas tous les détails de ma venue sur terre. On n'en parlait jamais dans ma famille. J'ignore également si ma mère a vécu des fausses couches ou pas au cours de sa vie. Tout ça, c'était le passé et puis basta. Je suis cependant persuadée que les circonstances particulières de ma naissance ont joué sur ma personnalité, sur la construction de mon identité, sur ma confiance (ou pas) en moi et sur ma foi en la vie. J'ai du, 35 ans plus tard, aller chercher très profondément au fond de moi afin de comprendre ce qui s'était passé, en quoi cela m'avait marquée et comment je pouvais surmonter tout cela pour me construire enfin en tant qu'adulte.

 

Mes filles ont donc su que j'étais enceinte, puis qu'il y avait un souci avec le bébé. Je leur ai expliqué ça très simplement finalement. Elles savent que la vie est ainsi faite, avec des joies et parfois des épreuves qu'on a la capacité de surmonter. Parce que ça j'y crois. Aussi dures soient les épreuves, il y a en nous une force qui nous permet de les dépasser et même de les transformer en quelque chose de positif.

Elles m'ont vue affectée, triste et affaiblie. Mais pas désespérée. C'est tout simple, sain et clair pour elles. Elles savent par ailleurs que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, et qu'avant de mettre au monde chacun de mes trois enfants, j'ai connu des situations similaires. La dernière en date étant la grossesse extra-utérine que j'ai faite quelques mois avant de tomber enceinte de mon fils. Ma cadette a d'ailleurs eu une gentille réflexion pleine d'optimisme à ce sujet, elle m'a dit "alors ne t'en fais pas Maman, ça va faire pareil que pour lui, tu vas à nouveau avoir un bébé dans le ventre dans quelques mois". Joli, n'est-ce pas ?

 

Quant à mon fils justement, c'est encore plus étrange. Avant même que je fasse un test de grossesse, je suis persuadée que lui il savait déjà que j'étais enceinte. Il avait senti que quelque chose se passait. Quand il tétait, en plus de me demander de nommer (comme d'habitude) tout ce qui l'entoure, le lit, moi, lui, la couette, la fenêtre, le soleil, les jouets... il me montrait obstinément mon ventre en attendant que je nomme expressement quelqu'un ou quelque chose. J'ai même fini par lui donner un prénom fictif, et il en avait l'air satisfait. 

 

Lorsque les choses ont commencé à se présenter de manière hypothétique, voir négative pour la continuité de ma grossesse, mon fils a cessé, dans les mêmes temps, de me montrer mon ventre. Il est devenu très collant, son sommeil était agité, il était même très constipé pendant quelques jours. On aurait dit qu'il cherchait ma présence, non pas pour se rassurer, mais pour "me" rassurer... C'était très étrange de le voir ainsi, je sentais clairement que mon état émotionnel passait directement dans son petit corps et qu'il réagissait aux évènements quasiment en osmose avec moi.

 

A partir du moment où j'ai su sans plus aucun espoir que j'allais faire une fausse couche, je pense que quelque part j'ai lâché prise. Je n'étais plus tendue par le stress. J'ai fait la paix avec les évènements. Et ça a immédiatement rejailli sur mon fils : il a retrouvé le sommeil, un transit normal ainsi que sa quiétude. Durant tous ces jours, je lui ai beaucoup parlé. Je n'ai pas cessé de le rassurer, de le tranquiliser sur les évènements, mais aussi de le remercier pour sa petite présence si gigantesque et si réconfortante à mes côtés. 

 

Pour eux trois, tout s'est finalement passé dans le dialogue, l'amour, la confiance et la simplicité. C'est d'ailleurs le genre de choses que je cultive au quotidien dans nos relations. Dans le pire, comme dans le meilleur de ce qui peut se passer. Ma plus grande joie, c'est de les voir aujourd'hui sereins et confiants en la vie, toujours. Rien ne compte plus à mes yeux que de savoir qu'ils sont heureux dans l'existence. Je ne peux pas leur épargner les épreuves, je peux en revanche leur montrer qu'ils ont au fond d'eux toutes les ressources nécessaires pour les surmonter. C'est là mon rôle. C'est là ma plus belle victoire.

 

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Commenter cet article
P
<br /> Miléna
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L
<br /> <br /> Merci
E
<br /> Ton texte est si bien écrit, plein d'émotions, plein de mots justes... Ta vision des choses, de la vie, qui passe par le dialogue, même avec les enfants, est magnifique. J'adhère totalement. Même<br /> quand ils ne savent pas parler, ils ressentent les choses et agissent à leur manière. Ma Crapouille se met à faire le clown et à rire à gorge déployée quand elle sent que Maman est un peu triste.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je te souhaite tout pareil que ta princesse.<br />
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L
<br /> <br /> Merci beaucoup
M
<br /> Impressionnantes les réactions de ton petit roi.<br /> <br /> <br /> J'espère que ta fille a raison si c'est ce que vous souhaitez.<br /> <br /> <br /> Je n'ai jamais connu l'épreuve de la fausse couche mais j'imagine que je n'aurai pas très bien vécu cette "remise à plus tard"<br /> <br /> <br /> Quand ma meilleure amie a du subir une IMG, je n'ai rien caché à mes enfants. <br /> <br /> <br /> Je n'ai jamais voulu leur cacher qu'une grossesse comporte des risques<br />
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L
<br /> <br /> Oui on le souhaite, on l'espère. Merci MissBrownie
M
<br /> Moi, cela me sciera toujours de voir cette facilité qu'on les enfants de percevoir et de déceler l'imperceptible ... ces choses qui nous échappent tant, à nous adulte ...<br />
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L
<br /> <br /> Oui, ils sont fascinants.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> pas facile à expliquer a des enfants, et pourtant ils peuvent tout comprendre.le dialogue y est souvent la meilleure des solutions, en tout cas bravo à toi pour cette transparence vis à vis<br /> d'eux!<br />
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L
<br /> <br /> Merci Lexou